Nadia d’Or
Couleurs d’Ayiti

2. Justification et vision du projet

Les problèmes n’existent pas. Il n’y a que des contextes dysfonctionnels et inadaptés. Modifiez le contexte, le « problème » disparait.

Pendant que tout le monde regarde les problèmes du non-développement, qui s’occupe de modifier le contexte pour que ces « problèmes » n’aient plus de raison d’exister ?

• Comment vouloir la paix, la démocratie, la prospérité et le développement dans un contexte d’aliénation pour cause de corruption et d’ingérence malveillante ?
• Comment atteindre le développement alors que le pays se vide de ses habitants, que les enfants sont soumis aux pires violences, que l’espace familial et communautaire est détruit ?
• Comment espérer une société saine dans un contexte malsain autant au niveau environnemental que dans la déshumanisation dont la population haïtienne fait l’objet depuis des siècles ?
• Comment arriver à aller de l’avant quand toute une population est traumatisée et que les processus de réparation et de deuil ne sont pas à l’ordre du jour ?

Ce média d’information souhaite démontrer qu’il y a moyen d’agir sur le contexte car celui-ci résulte de choix. La misère n’est pas une fatalité. Elle provient de choix politiques qui intègrent toujours la corruption d’une minorité et l’aliénation des peuples qui les fragilise en détruisant leur identité et en les empêchant de défendre leur dignité.

Les médias et les institutions de coopération internationale créent ou entretiennent un récit falsifié dans lequel : 

1. Haïti est dépeint comme un État victime qui justifie toujours plus d’interventions internationales en masquant la responsabilité des puissances étrangères dans la création ou le maintien de ces conditions. Ce qui a comme grave conséquence que l’aide internationale traite les symptômes sans s’attaquer aux causes. 

2. Les besoins du triangle infernal de Karpman – victime, bourreau, sauveur – sont entretenus et même valorisés chez tous les acteurs. Ce qui rend le contexte toujours plus dysfonctionnel et le peuple haïtien de moins en moins souverain.

Combien de personnes pensent encore que les « pays pauvres », « les pays du tiers-monde », « les pays en voie de développement » sont dans la misère car ils ont des mauvais systèmes scolaires, médicaux, sociaux, etc. et qu’il faut les aider à devenir comme les pays occidentaux. D’où l’importance de la coopération au développement qui, même si elle peut être utile dans certaines situations, agit rarement sur le contexte.

Il ne faut pas creuser très loin pour s’apercevoir que les dysfonctionnements des institutions publiques sont la conséquence d’une corruption systémique devenue endémique en Haïti ainsi que d’une ingérence étrangère agressive qui agit en partie par cette coopération au développement qui se nourrit de toutes les crises humanitaires comme un business très lucratif.

L’information et les mécanismes traditionnels de l’aide internationale doivent être recyclés pour répondre aux besoins des communautés locales. Couleurs d’Ayiti répond à ce constat en proposant une plateforme qui prône la transparence, la décentralisation et le sentiment de dignité réciproque comme conditions principales de la solidarité internationale.

La vision du projet est de mettre en lumière la diversité et les potentialités d’Haïti, tout en créant une collaboration équitable entre les communautés haïtiennes et un public mondial, avec l’ambition de poser les bases d’une approche innovante et reproductible.