Objectifs
- Restauration environnementale
- Lutte contre l’érosion
- Reboisement
- Autonomisation communautaire
Temporalité
En cours depuis 2024
Pas de fin prévue
Bénéficiaires
33 000 habitants
Implantation
La Vallée de Jacmel, Haïti

Résumé
La Vallée de Jacmel fait face à des défis environnementaux et socio-économiques majeurs : érosion massive, déforestation, chômage endémique des jeunes, exode rural. François Nau, leader communautaire enraciné dans sa région, répond à ces enjeux par deux projets complémentaires qui mobilisent les principes traditionnels du konbit (entraide collective) tout en intégrant des approches techniques modernes. La restauration du lac de Meyak vise à sauver une ressource vitale menacée par l’ensablement, tandis que le programme de formation professionnelle dote les jeunes de compétences concrètes pour construire leur avenir et celui de leur communauté.
Ces initiatives démontrent qu’avec détermination, solidarité et accompagnement approprié, les communautés rurales haïtiennes possèdent le potentiel de transformer durablement leur environnement.
Le porteur du projet : François Nau
François Nau est né en 1969 à La Vallée de Jacmel, dans une famille de paysans. Il a été lui-même agriculteur ainsi que mécanicien, électricien, entrepreneur et étudiant en droit. Auteur de plusieurs ouvrages sur les réalités rurales d’Haïti, dont le roman Chapo ba pou Marechal Mimi ak ti Jan écrit en créole haïtien, il rend hommage à sa mère, Marechal Mimi, qui bien qu’analphabète, a fait de l’éducation de ses enfants un objectif primordial. Ce livre décrit les luttes des paysans haïtiens pour éduquer leurs enfants et les obstacles que ces derniers doivent surmonter pour accéder à l’éducation.
Comme sa mère, François croit fermement que l’éducation est la clé du développement humain. Il a aidé de nombreux jeunes issus du même milieu que lui à atteindre leurs objectifs par l’éducation. Aujourd’hui, il est un ardent défenseur de l’éducation alternative et de l’utilisation du créole dans les salles de classe en Haïti, pour encourager et améliorer la communication, la créativité et l’interaction entre enseignants et élèves.

Pour François Nau, une vie ne vaut rien si elle ne sert à améliorer substantiellement son environnement. Il participe à tous les aspects de la vie de sa communauté : agriculture, social, éducation. Dans sa commune, La Vallée de Jacmel, il contribue, par l’emphase mise sur le civisme et une éducation de qualité, à la formation d’un groupe de jeunes leaders aptes à prendre en main le futur de leur communauté, aptes à redonner au pays d’Haïti sa dignité perdue.
Les deux projets portés par François Nau à La Vallée de Jacmel illustrent une approche holistique du développement communautaire : restaurer l’environnement tout en formant la jeunesse, mobiliser les énergies locales tout en recherchant l’expertise externe, valoriser les traditions (le konbit) tout en intégrant les techniques modernes.
Ces initiatives démontrent que le développement durable d’Haïti passera par des leaders enracinés dans leurs communautés, capables de mobiliser les ressources locales et de créer des dynamiques positives. François Nau incarne cette génération de leaders qui, plutôt que de fuir les difficultés, choisissent de rester et de transformer leur environnement.
Au-delà des résultats tangibles (un lac restauré, des jeunes formés), ces projets redonnent quelque chose de plus précieux encore : l’espoir et la fierté à une communauté qui, trop souvent, se sent abandonnée. Ils prouvent que le changement est possible, que les Haïtiens, et particulièrement les paysans, possèdent en eux les ressources nécessaires pour construire un avenir meilleur.
Vous souhaitez contribuer à ce projet inspirant et impactant ?
Le projet porté par François Nau nécessitent un soutien continu pour amplifier son impact et assurer sa pérennité.
Ce projet illustre la puissance du konbit et de l’engagement communautaire. Tout soutien financier, matériel ou technique permettra de consolider cette initiative et d’en essaimer les bonnes pratiques dans d’autres communautés de la région.
Le projet détaillé : Sauvegarde du lac de Meyak
1. Introduction et contexte général
Le lac de Meyak, situé à La Vallée de Jacmel, constitue une ressource vitale pour la communauté locale : source d’eau pour l’agriculture, réservoir pour la pêche, élément central de l’écosystème local. Cependant, après des décennies de déforestation intensive et d’érosion massive, ce plan d’eau était menacé de disparition totale.
L’érosion, conséquence directe de la déforestation des collines environnantes, a entraîné un ensablement progressif du lac. Chaque saison des pluies charrie des tonnes de terre et de sédiments qui comblent progressivement le bassin. Les berges, fragilisées, s’effondrent régulièrement. Les habitants ont vu le niveau d’eau baisser dangereusement, la surface du lac rétrécir et la qualité de l’eau se dégrader.
Face à cette urgence environnementale qui menaçait directement les moyens de subsistance de centaines de familles, François Nau a lancé un appel à la mobilisation communautaire
2. Justification et vision du projet
Le projet de restauration du lac de Meyak s’appuie sur une vision claire : sauver le lac pour sauver la communauté. Sans cette ressource en eau, l’agriculture locale ne peut survivre, les familles perdent une source de revenus et de nourriture, et l’exode rural s’accélère.
Plusieurs facteurs justifient l’urgence de cette intervention :
- Dégradation environnementale critique : Le lac risquait de devenir un simple marécage, puis de disparaître complètement
- Impact sur la sécurité alimentaire : Les cultures irriguées par le lac nourrissent des centaines de familles
- Absence d’intervention institutionnelle : Aucune structure étatique n’avait les moyens ou la volonté d’intervenir
- Opportunité de mobilisation communautaire : Le projet pouvait redonner espoir et fierté à la communauté en démontrant sa capacité d’action collective
La vision de François Nau dépasse la simple restauration physique du lac. Il s’agit de démontrer que les communautés rurales haïtiennes, lorsqu’elles sont mobilisées autour de valeurs communes et bénéficient d’un minimum d’accompagnement technique, peuvent réaliser des transformations majeures de leur environnement.
3. Description des activités et des programmes
Le projet s’articule autour de plusieurs axes d’intervention complémentaires :
Mobilisation communautaire selon le principe du konbit
François Nau a réactivé le principe traditionnel du konbit, cette forme d’entraide collective profondément ancrée dans la culture paysanne haïtienne. Des dizaines de volontaires – hommes, femmes, jeunes – se sont mobilisés pour participer aux travaux. Cette approche a permis de réaliser des travaux d’ampleur avec des moyens limités, tout en renforçant la cohésion sociale.
Travaux de génie civil et de conservation des sols
- Remplissage et positionnement stratégique de sacs de terre : Des milliers de sacs ont été remplis de terre et disposés le long des berges pour créer des murs de soutènement et freiner l’érosion
- Construction de murs de maçonnerie : Dans les zones les plus critiques, des structures permanentes en pierres ont été érigées
- Aménagement de canaux de drainage : Pour contrôler le flux d’eau et éviter l’affouillement des berges
- Stabilisation des pentes : Terrassement et aménagement de terrasses pour réduire le ruissellement
Programme de reboisement intensif
En parallèle des travaux de génie civil, un programme ambitieux de reboisement a été lancé dans le bassin versant du lac. Des essences d’arbres adaptées au climat local et aux sols dégradés ont été plantées pour :
- Stabiliser les sols par leurs systèmes racinaires
- Réduire le ruissellement et favoriser l’infiltration de l’eau
- Restaurer la biodiversité locale
- Créer à terme des sources de revenus complémentaires (fruits, bois)
Accompagnement par des agronomes professionnels
Le projet bénéficie de l’expertise d’agronomes professionnels qui ont apporté leurs connaissances techniques pour optimiser les interventions. Ils ont conseillé sur les meilleures espèces d’arbres à planter, les techniques de conservation des sols et les méthodes de gestion durable du bassin versant.
Soutien de Gwoup Konbit
Le projet est soutenu par Gwoup Konbit, un mouvement social haïtien fondé en 2021 qui facilite les connexions, le partage de ressources et l’échange de connaissances entre leaders et groupes qui embrassent les principes du konbit. À travers son programme Simen Semans Konbit pou Chanjman Sosyal (Semer les Graines du Konbit pour le Changement Social), Gwoup Konbit soutient financièrement et techniquement des initiatives locales durables.

4. Objectifs et résultats attendus
Le projet poursuit trois objectifs principaux :
- Sauver le lac de Meyak : Stopper l’ensablement, stabiliser les berges, améliorer la qualité de l’eau et augmenter sa capacité de rétention
- Restaurer l’écosystème du bassin versant : Reboiser les collines environnantes, réduire l’érosion de 60-70%, reconstituer la biodiversité
- Mobiliser et former la communauté : Créer une dynamique d’action collective, transmettre des connaissances en conservation des sols, former des leaders environnementaux locaux
Les résultats attendus sont :
- Une augmentation mesurable du niveau et de la surface du lac
- Une réduction drastique de l’ensablement lors des saisons des pluies
- Des milliers d’arbres plantés et surveillés jusqu’à maturité
- Une communauté formée et capable de maintenir les acquis
- Un modèle réplicable pour d’autres sites dégradés de la région
Les images du projet témoignent déjà de résultats tangibles : murs de soutènement construits, zones reboisées, sentiers aménagés, et surtout, une communauté mobilisée et engagée.

5. Pérennité et durabilité
Contexte et situation actuelle
Le projet repose actuellement principalement sur le volontariat communautaire et sur le soutien ponctuel de Gwoup Konbit. Si cette approche démontre la capacité de mobilisation locale, elle présente des limites pour assurer la pérennité à long terme des acquis.
Stratégie envisagée
Pour garantir la durabilité du projet, François Nau envisage plusieurs axes :
- Création d’un comité de gestion du lac : Composé de membres de la communauté, ce comité assurera la surveillance continue, l’entretien des ouvrages et la coordination des actions futures
- Développement d’activités génératrices de revenus : Pisciculture, agroforesterie, écotourisme permettront de financer les activités de maintenance
- Partenariats avec des organisations environnementales : Pour bénéficier d’expertise technique continue et de financements pour des interventions ponctuelles
- Programme d’éducation environnementale : Former les jeunes générations aux enjeux de conservation pour assurer la transmission des savoirs et des valeurs
Vision et engagement
La vision de François Nau pour le lac de Meyak s’inscrit dans une perspective à long terme : faire de ce projet un modèle de restauration environnementale participative, démontrer que les communautés rurales sont les meilleures gardiennes de leurs ressources naturelles lorsqu’elles disposent des outils appropriés, et inspirer d’autres communautés à entreprendre des actions similaires.


